Le Kenya prend la tête de la future force en Haïti, à la demande des Etats-Unis

Cela faisait des mois que le gouvernement du premier ministre haïtien, Ariel Henry, réclamait le déploiement d’une force d’intervention internationale pour lutter contre la violence des gangs armés. Le Conseil de sécurité des Nations unies vient de l’entendre en votant, lundi 2 octobre, une résolution déposée par les Etats-Unis et l’Equateur autorisant une telle intervention. « Le quotidien du peuple haïtien est pénible, c’est pourquoi le Conseil de sécurité […] doit agir en urgence en autorisant le déploiement d’une mission multinationale de soutien à la sécurité », avait déclaré Ariel Henry à la tribune de l’ONU le 22 septembre.

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Cette force multinationale, composée essentiellement de policiers mais aussi de militaires, sera conduite par le Kenya : il est « hors de question » d’abandonner la population haïtienne, a estimé le président William Ruto, évoquant le « devoir de solidarité du Kenya envers toutes les personnes afrodescendantes à travers le monde ». Les préparatifs de cette mission sont déjà avancés : une délégation kényane a fait un voyage d’évaluation dans la capitale haïtienne en août et Nairobi a annoncé qu’un millier de ses policiers, qui suivent déjà des cours de français, seront déployés. En échange, le Kenya a reçu la promesse d’un financement des Etats-Unis à hauteur de 100 millions de dollars (95 millions d’euros) pour soutenir l’opération.

Cet engagement kényan en Haïti a de quoi surprendre, alors même que les relations diplomatiques entre les deux Etats étaient pour le moins distendues jusque-là. Le rapprochement entre Port-au-Prince et Nairobi s’est fait à la hâte, sous l’impulsion des Etats-Unis et alors que William Ruto est en quête d’aura sur la scène internationale. « C’est exotique pour le Kenya de venir en Haïti, personne n’avait envie d’y aller. Le Kenya a été choisi faute de mieux », juge Jean-Marie Théodat, maître de conférences à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.

Massacres, violences sexuelles et choléra

Le passé douloureux des précédentes interventions onusiennes en Haïti – entachées de massacres, de violences sexuelles et de propagation d’une épidémie de choléra – et le rejet de l’ingérence américaine par la population ont poussé Washington à imaginer une nouvelle formule : une force multinationale, menée par un pays africain, à laquelle participeront « de dix à douze pays » (notamment la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda), selon Victoria Nuland, la numéro deux du département d’Etat américain, avec le soutien logistique, financier et médical des Etats-Unis. La force sera opérationnelle en janvier, selon des sources au sein du gouvernement kényan.

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