« Si la Chine ne va pas très bien, nombre de Chinois ne vont pas mal du tout »

D’importants promoteurs immobiliers en défaut de paiement, des collectivités locales surendettées, un chômage des jeunes urbains officiellement supérieur à 21 %… L’économie chinoise a, de toute évidence, connu des jours meilleurs. Pourtant en déduire que rien ne va plus dans l’empire du Milieu et que celui-ci est au bord de l’effondrement paraît largement excessif. N’enterrons pas la Chine trop vite.

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Au quotidien, la crise est même largement invisible. A Pékin comme dans les grandes villes de province, les consommateurs ne semblent bouder ni les restaurants ni les centres commerciaux. Trouver des billets de train pour les jours de congé accordés à l’occasion de la fête de mi-automne (le 29 septembre) n’a rien d’évident. En dépit du nationalisme ambiant et du lancement, trois semaines auparavant, du nouveau téléphone portable de Huawei, le Mate 60 Pro, les Chinois se sont rués dans les boutiques Apple, vendredi 22 septembre, pour acheter le nouvel iPhone 15. Pourtant, la version Pro Max coûte la coquette somme de 9 999 yuans (environ 1 287 euros), soit environ deux mois de salaire d’une femme de ménage ou d’un coursier. Malgré tout, pas moins de 25 000 appareils se sont vendus en ligne dans les dix minutes qui ont suivi l’ouverture des commandes, le 15 septembre.

Bref, si la Chine ne va pas très bien, nombre de Chinois ne vont pas mal du tout. La plupart des économistes, y compris américains, continuent de prévoir une croissance d’au moins 5 % cette année. Et, comme la population a tendance à diminuer, le PIB par habitant va encore progresser davantage. Alors que leur taux d’épargne était déjà l’un des plus élevés au monde, les ménages chinois ont, en raison de la politique zéro Covid, mis de côté en 2022 quelque 2 500 milliards de dollars (environ 2 350 milliards d’euros) supplémentaires. L’équivalent du PIB français ! Largement de quoi s’offrir quelques iPhone, voire quelques Tesla.

Pas de désinvestissement massif

Les entreprises étrangères ne s’y trompent pas. Certes le fort rebond espéré après trois années de politique zéro Covid est moindre que prévu, certes les tensions entre la Chine et l’Occident les inquiètent, certes l’accent mis par Xi Jinping sur la sécurité nationale fait peser sur elles une épée de Damoclès, certes elles sont moins optimistes qu’auparavant… Néanmoins, ni les Américains ni les Européens ne désinvestissent massivement de Chine. Bien au contraire. Selon une enquête publiée, mardi 19 septembre, par la Chambre de commerce américaine de Shanghaï, 31 % des entreprises américaines interrogées envisagent d’augmenter leurs investissements cette année, davantage qu’en 2022. Plus de la moitié sont d’ailleurs convaincues que leur chiffre d’affaires va progresser.

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