Des dizaines de milliers de personnes ont dû être évacuées dans le nord et l’ouest du Canada, alors que les pompiers continuent à lutter contre des incendies d’une rare intensité, qui laisseront « une cicatrice durable ».
« C’est la première fois que quelque chose comme cela, de cette ampleur, arrive dans la région », a expliqué Tony Whitford, 82 ans. Lui et sa famille ont été évacués jeudi de Yellowknife, capitale des Territoires du Nord-Ouest cernée par les feux depuis plusieurs jours, vers la ville de Calgary dans l’Alberta, à quelque 1 750 km au sud.
Au moins 19 000 personnes ont été évacuées de Yellowknife dans les dernières 48 heures, soit la quasi-totalité de la ville, avait indiqué vendredi soir Shane Thompson, ministre de l’environnement des territoires du Nord-Ouest. 15 000 personnes ont fui par la route, 3 800 ont été évacuées par les airs, principalement vers Calgary, tandis qu’au moins 300 pompiers étaient mobilisés pour lutter contre les flammes, a-t-il ajouté, soit l’un des plus importants dispositifs qu’ait connu cette région très isolée du Grand Nord canadien.
« C’était vraiment horrible. Je ne pouvais pas le croire », a raconté Martha Kanatsiak, 59 ans, résidente de Yellowknife depuis plus de vingt ans et arrivée vendredi tard à Calgary. « Ça va mais je suis triste, déprimée et inquiète. Je n’ai jamais rien vu de tel », a-t-elle ajouté.
« Cicatrice durable »
La ville de Calgary a mis 495 chambres d’hôtel à disposition pour les personnes évacuées, selon les autorités. Les réfugiés du Grand Nord ont été accueillis dans une petite pièce pour être enregistrés et répartis dans des hôtels. Des fruits, des biscuits et de l’eau ont été mis à leur disposition.
Les feux sont situés samedi à 15 kilomètres de Yellowknife mais des vents venus du nord-ouest pourraient pousser les flammes près des limites de la ville, selon les autorités canadiennes.
La Colombie-Britannique, elle aussi confrontée à des brasiers, a dû déclarer l’état d’urgence vendredi. Une fumée épaisse enveloppait notamment la ville de Kelowna, à près 600 kilomètres à l’ouest de Calgary, qui compte environ 150 000 habitants.
Le campus local de l’Université de la Colombie-Britannique, qui accueille plus de 11 000 étudiants, a été ainsi été placé sous ordre d’évacuation vendredi soir et l’espace aérien de la zone a été fermé pour aider les efforts des avions de lutte contre les incendies. La situation est également critique de l’autre côté du lac Okanagan, à West Kelowna (plus de 30 000 habitants) où « un nombre conséquent » de maisons a brûlé, selon les autorités.
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« Hier a été l’une des journées de lutte contre le feu les plus dures qu’aient connu nos services », a souligné samedi Jason Brolund, chef des pompiers de West Kelowna lors d’une conférence de presse. « Il est certain que cet événement va laisser une cicatrice durable », a-t-il ajouté.
Un millier de feux
Quelque 30 000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer en Colombie-Britannique. Et 36 000 autres habitants ont reçu l’ordre de se tenir prêts à une éventuelle évacuation, a précisé Bowinn Ma, responsable des situations d’urgence de la province.
Samedi, l’importante fumée a réduit la visibilité, rendant les opérations des pompiers encore plus complexes, tandis que d’autres ordres d’évacuation et alertes étaient attendus en fonction de la progression des feux, a précisé le département des pompiers de la Colombie-Britannique sur X (anciennement Twitter).
Plusieurs milliers d’évacuations ont par ailleurs eu lieu dans l’Etat de Washington aux Etats-Unis, voisin de la Colombie-Britannique, où un incendie s’est déclaré vendredi près de la ville de Spokane, selon la presse locale. Les autorités ont confirmé un décès.
Plus d’un millier de feux ravagent actuellement le Canada d’est en ouest, dont plus de 230 dans les Territoires du Nord-Ouest et plus de 370 en Colombie-Britannique. Le pays connaît cette année une saison des feux de forêt qui bat tous les records : 14 millions d’hectares – environ la superficie de la Grèce – ont brûlé, soit le double du dernier record datant de 1989.
Le Canada est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.