Le cinquantenaire de la guerre du Kippour

L’offensive coordonnée que lancent les présidents Anouar El-Sadate et Hafez Al-Assad, le 6 octobre 1973, débute par le franchissement du canal de Suez par 100 000 soldats égyptiens, appuyés par un millier de blindés.

Au même moment, 35 000 militaires syriens, soutenus par huit cents chars, enfoncent, après des combats acharnés, les lignes israéliennes sur le plateau du Golan.

Un commando syrien héliporté parvient même à s’emparer de la station du mont Hermon, point culminant de la zone. Trois heures avant l’assaut, la première ministre, Golda Meir, avait prévenu les Etats-Unis de l’imminence du conflit, au sujet de laquelle les renseignements israéliens, disposant d’informateurs au sommet de l’Etat égyptien, n‘avaient aucun doute. Mais Moshe Dayan, le ministre de la défense, était convaincu que son aviation pouvait contenir l’offensive arabe et avait préféré ne pas mobiliser d’emblée les réserves.

La revanche des « Six-Jours »

L’autorité de Dayan était d’autant moins contestée qu’il restait le triomphateur de juin 1967, l’homme qui avait conquis pour Israël, en seulement six jours, Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza, ainsi que la péninsule égyptienne du Sinaï et le plateau syrien du Golan. Mais Dayan, toujours grisé par cette victoire éclair, n’avait pas pris au sérieux les patients efforts de réarmement menés par Le Caire et Damas.

Il n’avait surtout pas compris que les successeurs des deux vaincus de 1967, Sadate (qui avait succédé à Nasser à sa mort en septembre 1970) et Assad (qui avait renversé Jedid deux mois plus tard) devaient, ne serait-ce que pour consolider leur pouvoir, effacer l’humiliation des « Six-Jours ». La relative lenteur de la réaction israélienne fut dès lors attribuée à la fête du Kippour, date du début des hostilités, d’où le nom de « guerre du Kippour » souvent donné à ce conflit. La partie arabe préfère l’appeler « guerre du Ramadan », puisqu’elle s’est déroulée durant le mois de jeûne musulman. Quant aux historiens, ils privilégient la « guerre d’octobre ».

Le 8 octobre, Michel Jobert, le ministre des affaires étrangères français, interrogé sur la position de son pays, répond par une autre question : « Est-ce que tenter de remettre les pieds chez soi constitue une agression forcément imprévue ? » Cette réaction suscite une vive polémique, François Mitterrand la qualifiant de « cynique ».

Mais seul Assad espère récupérer le Golan par la force, Sadate n’ayant eu recours aux armes que pour sortir du blocage diplomatique et entraîner une médiation des Etats-Unis. Henry Kissinger, tout juste nommé au département d’Etat, convainc pourtant Richard Nixon de lancer un pont aérien d’assistance militaire à Israël. Quelques mois après les accords de paix sur le Vietnam, il est exclu pour Washington de laisser des alliés de l’URSS imposer sur le champ de bataille les termes de la négociation. Les rotations des Etats-Unis vers Israël s’intensifient, alors même que le plateau du Golan est en train d’être réoccupé et que la 3e armée égyptienne risque l’encerclement dans le Sinaï.

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