Joe Biden s’est clairement engagé du côté des salariés de l’automobile, qui ont commencé, vendredi 15 septembre, des grèves ciblées contre les trois constructeurs historiques américains, General Motors (GM), Ford et Stellantis (ex-Chrysler).
« Soyons clairs, personne ne veut de grève. Mais je respecte le droit des travailleurs d’utiliser leurs options dans le système de négociation collective et je comprends leur frustration », a déclaré le président démocrate dans une allocution à la Maison Blanche. Même si les constructeurs automobiles ont « fait des offres significatives », Joe Biden estime qu’« ils devraient aller plus loin pour garantir que des bénéfices records pour les entreprises signifient des contrats records pour l’UAW », l’United Auto Workers, le syndicat historique du secteur.
Le bénéfice opérationnel mondial cumulé des trois constructeurs de Detroit (Michigan) s’est en effet envolé de 4,8 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) en 2020 à 29,4 milliards de dollars en 2021 et à 37,2 milliards en 2022.
Les grévistes demandent environ 36 % de hausse de salaire sur quatre ans, la semaine de trente-deux heures, le retour aux retraites à prestations garanties. Les trois entreprises, elles, ont fait des propositions d’augmentation d’environ 20 % des rémunérations. La patronne de GM, Mary Barra, très proche de Joe Biden, a fait part de sa déception. « Je suis extrêmement frustrée et déçue, a-t-elle déclaré, vendredi, à la chaîne CNBC. Nous n’avons pas besoin de faire grève pour le moment. Nous avons mis sur la table une offre historique. »
L’UAW a choisi de mener de front la grève contre les trois constructeurs, ce qui est une première, mais en ciblant pour l’instant une seule usine par constructeur. Les salariés ont ainsi débrayé sur le site Ford Bronco à Detroit, sur celui de Stellantis Jeep à Toledo, dans l’Ohio, et dans une usine de camionnettes GM dans le Missouri. Le syndicat cible les infrastructures industrielles qui produisent les produits les plus rentables des constructeurs, mais pour l’instant, seuls 12 700 salariés environ sont en grève, sur un total de 140 000 syndiqués de l’automobile.
Stratégie offensive de l’UAW, le syndicat historique du secteur
Cette tactique permet de ménager les forces financières syndicales et de laisser les directions d’entreprise dans l’incertitude. C’est celle du nouveau patron de l’UAW, Shawn Fain. Cet ancien électricien de Chrysler, travailleur de l’Ohio, incarne l’aile gauche du syndicalisme. A 54 ans, il a été élu cet hiver après qu’un scandale de corruption a frappé en 2020 le syndicat, conduisant certains anciens dirigeants en prison, et que l’Etat fédéral a exigé que son président soit désormais élu directement par les militants et pas seulement par les chefs de sections syndicales.
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